samedi 14 février 2009
dimanche 25 janvier 2009
samedi 24 janvier 2009
Alphonse amorce le tir
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FIL DE LA LIBERTE
Fil pour les chevaux
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Sou quai ferme
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Nue achevant
Jugez ! Jugez ! criait le cavalier de tête aux deux
Fuyards qui roulaient à son côté, parmi les troupeaux.
Les fuseaux d'herbes de la steppe résonnaient des argots
Houleux, chantés par les garçons, poursuivis par des boeufs.
Le premier, court et clair comme un prophète de vieux soirs
Se savait cuirassé de mains et orné de gravures
Abstraites ; l'autre, Abkhaze aux joues droites, gardait les yeux ouverts
Les tempes hirsutes, écoutant sagement les pleurs de foire.
Vers les monts cuivrés de lions d'or et de cédrats, au midi
Bougeaient de grandes lignes accourues aux migrations
Que les foules d'oiseaux, enfarouchées par le bourdon
Des troupes, venaient couper au reflet rudoyant des piques.
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Journal
Contentement du chef de bord – les fleurs, réparties de cris, aboiements d’enfants mendiant le soleil de onze heures sur les murs soldés : la feuille des joies, le bonnet de marin ou la tentation. Quel tri dans les bois ! Jolies jolies les épousseteuses de lilas en bas à fournir aux avoisinants le cavalier vers le soir. Et tremblent de bizarrement caressent de bourdonnements pour des grâces imprimées journal de foire et buveur public, en fond d’airain le Pont aux arceaux de crêpe brûlé et la sauvagerie des apologues conduits jusqu’au front d’hiver :
– Tac ! Et mouche ! Je fais mouche !
– Mouche à vers n’amasse que dithyrambes.
– Des ïambes ! Des ïambes à notre cul-de-barre !
– La sainteté, Messieurs, la sainteté !
– Ne m’oubliez pas !
– Les beaux dessous Mesdames et les affreux dessus ! Les affrètes capturées et les bas toulousains ; vous verrez ferveur.
– Si vous gloussiez…
– Blou, blou.
– GLOU !
– Glou.
– Voyons.
– Voyant.
– Il était ivre, il était gris.
– Gris oui mais très poli ; pas un faux col.
– Trois faux-culs !
– Il en voit partout.
– Ça n’est pas possible.
– Ce que je lui ai mis.
– Allons boire.
– Jusqu’à pissoif.
Regardez les ornières ! Pas une plus haute que l’autre, comme les grues de Rouen.
– Ce sera le dernier beau.
Plaisir de clavicorde à revers de vermeil. Haro sur les perspectives de Sans-Souci ! Haro ! Première flottaison en cynique c’est les cavalcades et lézardes et estocades à l’œil gauche, celui qui voit. La pervenche est avec le prieur au fond du catalogue – Mesdames ne regardez pas le crépuscule cruel a gardé ses manières d’aborigène dans les Gobelins haris ourdis percés d’insalubres pac ! PLAMPLAMPLAM ! c’est la Muse du chétif qu’enrobée de portés en signe sous les porches ressemblants la fin du lyrisme. Commune Achimédée des amassée en province et seigneuriales de sang mauvais, parque sous les faîtes en odeur de safran – condamnez ! Pommadez et antiquissez les receveurs téléphériques à la rondeur coupable vue sur le rouge des expressions embarquées, à la mer ! Pauvrettes Juliettes tressées de garnitures impalpables inacceptables et franciscaines sous la nuque, dans le velours des foies jardinés à foison, remontés d’épique… La voix se fait tard, desserre l’eau-forte qui se noie en bougeant.
Au plumeau de cascade les canonnades de la Saint-Jean ont coloré de beau les fertiles mamelons dandinés de la douairière sans l’accord, bien entendu, qui volait la phrase en trille dans les combles.
Si bien que la fermière regardant au loin les hurlements de sapin qu’enferment de vapeurs, croisant au foin des tonalités veuves, bègues et d’oc ; le vin regardant la Pulcinella essayer ses pastels en long de filets corps – l’hallucination fait la nature, au moindre hésitant pour une tonsure délicature et Caracalla :
– Caracalla ! Caracalla !
– Les voilà qui revirent, l’angle est pris ! caressaient-ils au cours des fumées de grinçon peu algébrées par enfardées.
Le premier garçon louvait une teinture écoulée…
Raconter des frasques, battre les cochons ; les empires se redressent ainsi et s’embrassent la chaire voûtée les unes contre les autres.
Trois Français.
La gloire se mure et file en branches au cœur du pavillon renversé d’amour. L’ivresse duchesse est enchanteresse.
Trop français
Arrêtez le chant. Ecoutez le probe. Changez des cliquetilles les beautés juchées derrière le cocher – fringante modernité en s’en moquant comme d’un baptême.
Je n’osai pas le dire et il n’osait allongé au bord du fossé l’eau claire les cieux longue route encore cerclée arrangements n’hésitez pas à la vendange
On court à l’aveugle
On n’entend que les nuages
Et les batailles asiatiques.
La fleur des colères classiques – la fine fleur, l’écrasement partout de fer, d’emphatique, de simulés au parterre traînant des soumissions trop hâves. C’est la loi. Pour feu des épisodes les renoncules s’émeuvent ou perdent des grues blanches, le fer le perd la Perse en chants assommeurs, rejetés, capitulés, outrés, penchés, cintrés pour rien au rire calembredaine monté le long des arcades – on crie aux bourgeois, mais le soleil se plombe d’un arc-en-ciel.
Les expériences s’entremêlent ; le premier venu à la digue sort et prend les devants malgré la lumière ; et c’est insupportable et les côtes se couchent et le velours.
Si l’on voulait…
Hélas les engrenages, lancés en grande pompe le jour les femmes couvertes d’ombrelles percées et resserrant la houle jusqu’au bord, pour voir.
Voir les trop étendus carrés tinter et flotter comme flemmes oraisons. Le Prophète recule. Bruit.
Une foule de poètes sous les jalousies de la salle de bains les parfums laissés les pays foncés dictature et meurtrissures, distribution au grand son ; la vue sur le reste ne laisse aucune place, il faut s’éteindre, se placer, se louper.
Jusqu’à la prochaine station. Et les bougies revireront : c’est ici où la messe est sise. Nul ne comprendra, d’aristocrate en fin chanteur on s’enviera. Le mot est toujours au fripon.
vendredi 23 janvier 2009
Il n'y a que des accapareurs
Ils ont les cheveux en brosse
SUD SUD SUD SUD SUD SUD SUD SUD
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Il y a des cambrioleurs pour les femmes
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PORTRAIT EN CREUX
Les cheveux
APPEL A LA GREVE GENERALE ILLIMITEE
Le 29 janvier
Tous en grève
Rennes 2 bloqué, partout bloqué
ARRETEZ TOUT
Coeur de sphère et gros marteaux
POLICE
Je suis fixe sur tes genoux
L'air de la rue a des chahuts
Des bons
Chevrefeuilles et des rosettes
A qui mieux-mieux
Les rhododendrons
Ils ont filé derrière la locomotive
Par là c'est tout neuf
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Le chemin recouvert d'imbrications
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Les marmotons jouent avec des paysages
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Pour joindre les deux bouts de la bûche
dimanche 18 janvier 2009
Loin donc désormais l'idée de se faire lire par le plus de personnes possibles - rien là qui vaille la peine. L'essentiel est d'abord l'expérience individuelle de la CONFRONTATION A LA CREATION (il y a déjà dans acte créateur trop de mystification), puis l'élargissement de cette confrontation à l'autre (c'est là le plus passionnant). Un poème, un texte peut être perdu dans le vent ; l'expérience qu'on en a eu est ce qui compte.
Mais tout ça n'est que le début : échapper à l'institution de l'art normalisé (par ses moyens, par ses objets, par ses réseaux), refuser l'ordre dominant. Le vrai combat, c'est de défendre, d'enrichir et de développer notre liberté individuelle (intellectuelle, vitale, sociale, éthique) et de nouveaux possibles d'expérience collective. Des devenirs sociaux et politiques communs. Il y a le combat militant ; l'activité poétique en est un autre - c'est une relation intense, exigeante, active au langage, au travail de positionnement vis-à-vis du monde et de l'autre. Retrouver les mots, les forces du langage (lui-même social et collectif, lien premier) c'est travailler, participer à la (re)construction du commun, dans une société fragmentée. C'est s'opposer à l'ordre individualiste et antisocial entretenu par les groupes dominants.
Ce combat poétique est inséparable des solidarités et des luttes démocratiques, émancipatrices et égalitaires héritées de la révolution de 1793 et du mouvement ouvrier.
samedi 17 janvier 2009
Mystère où des cachés
Semblent tremblent l'essai au ventre
Sous des pavillons
La lente ardeur et les fruits ramassés
Dans un montant triste
Car les femmes et les petites boucles embrassées
Sont loin.
Les Amis du peuple
La rencontre, le rapproché, c'est la Convention ouverte au public, les Jacobins peut-être avant tout, les Cordeliers où afflue la sans-culotterie, les sections et la Commune de Paris dirigées par des hommes très instruits, mais pleines d'ouvriers, artisans, boutiquiers, enfin les sociétés populaires de province, où ces derniers, plus peut-être certains campagnards, se mêlent à la petite bourgeoisie urbaine. Les députés, les hommes d'Etat, même les plus renommés, et le peuple se sont vus de près. Et puis il y avait les journalistes, la large diffusion des revues, mais surtout le lien passionnel, de solidarité et de combat, du peuple avec des intellectuels-journalistes comme Marat ou Hébert, qu'on pouvait entendre dans les clubs, et avec qui, probablement, il n'était pas trop difficile de parler un peu.
Bourgeois ne veut pas dire bien sûr intellectuel. Comme député, à priori. Mais l'engagement dans la révolution semble avoir été si fort que tous les acteurs politiques, et plus qu'ailleurs dans les clubs et assemblées, ont été contraints de se poser, on l'imagine, un nombre immense de questions, fondamentales et pratiques.
Robespierre a laissé une pensée forte, importante, à travers ses discours surtout, discours enflammés, qu'il faudra lire (plus enflammés que profonds ? Pas sûr). Saint-Just a écrit, théoricien de l'Etat républicain. Desmoulins était journaliste, parmi les plus influents. Comme Brissot. Il faudrait faire une recherche sur tous les membres de la Convention.
Des questions sont à poser sur ces journaux : quelle est la part de la propagande, celle de la pensée ? Si pensée il y a dans ces revues, elle est avant tout polémique. C'est la guerre des opinions, il faut taper fort, de façon imagée, avec des cibles claires.
Il n'y a pas vraiment, semble-t-il, de théoricien de la révolution. Sa pensée se crée dans l'action, dans l'urgence et l'affrontement, avec la nécessité de l'efficacité. Robespierre, notaire d'Arras devenu membre éminent du Comité de salut public, est-il un intellectuel ? Peu importent les critères actuels de la définition. Le mot à l'époque n'est d'ailleurs qu'un adjectif, le concept n'existe pas. Ceux qui pensent le plus intensément et le plus loin la révolution (comme ce sera le cas, en général, pour la contre-révolution et la restauration) y agissent directement, à l'assemblée, dans les comités ou dans la presse. Rien ne se passe sans leurs avis, sans leur pression. L'atmosphère parisienne est en partie échauffée et entretenue par eux ; en province la propagande révolutionnaire est intense, fait son effet. Le contexte, la pression populaire constante, la position politique dominante des Montagnards, fait que les questions sociales, les préoccupation premières du peuple (notamment celle des subsistances) ne peuvent pas ne pas être débattues, de la Convention aux assemblées de section. Le pouvoir a ses réserves vis-à-vis de la rue, des Enragés en particulier, qui ont une forte audience. Mais il se trouve toujours des députés pour raviver les débats ; et puis il y a les journaux populaires, le club des Cordeliers, relais des opinions d' "extrême gauche". Les sociétés de femmes approfondissent encore le rapprochement, de par leur rapport direct à ceux qui mènent et pensent la révolution. Elles ont leur influence sur ces "intellectuels", notamment par leur pouvoir de subversion, le danger insurrectionnel qu'elles représentent, l'instabilité qu'elles participent à attiser.
Il faut poser cette question du rapport entre la pensée de la politique et les classes populaires, à chaque moment de l'histoire, et en particulier dans les moments insurrectionnels. Ce rapport a fortement évolué. Aujourd'hui les "intellectuels" sont une institution, certainement l'opposé de l'homme d'action, même si certains, comme Daniel Bensaïd, s'occupent avant tout de lier pensée et action. Il faut porter l'analyse sur le rapport entre les théories sociales et politiques et les classes populaires, dans le mouvement ouvrier, dans 1848, dans la Commune, dans 1905 et 1917, dans le Parti communiste, dans la révolution espagnole, dans mai 68, etc.
Cette question, surtout, est à poser pour aujourd'hui. Et poser encore ce qu'est la rencontre, si elle n'est pas une idée creuse, si elle a véritablement un sens, une histoire.
lundi 29 décembre 2008
1793 : travailler plus pour gagner BEAUCOUP plus
La République jacobine, Marc Bouloiseau (Points Histoire)
J'ai trouvé très beau ce passage sur le Comité de salut public. On est loin des fauves démocratiques excités par le feu et le sang. Bien sûr l'histoire de 1792-1794 est dure, est violente. Mais elle n'existe pas sans son contexte, avec la guerre contre l'Europe et la contre-révolution intérieure. Surtout elle est le fondement, l'expérience radicale de la démocratie et du combat pour l'égalité. On rêve surtout de Mai 68, or la référence, je crois, à 1793 est bien plus profonde et subversive pour repenser notre révolution égalitaire.
Ah ça ira, ça ira, ça ira !...
vendredi 26 décembre 2008
jeudi 25 décembre 2008
La poésie : non plus mettre le langage sur le monde, mais le poser par rapport au monde, aussi contre le monde, comme un conflit, et une velléité de contact entre l'homme (le sujet) et le monde.
Je dis, donc j'oppose ma subjectivité.
Le monde n'en est pas moins là, et je me frotte par le langage avec lui. D'autant plus que le langage est social, il est je et nous. La poésie est ce combat, c'est une exploration de l'énonciation et du sens de l'énonciation.
Ainsi je ne dois pas écrire en essayant de faire exister des images, des idées, des projections, mais en luttant, à chaque seconde, avec ma capacité à les comprendre et à les exprimer, à parler, à produire du sens. Le langage écrit sera ainsi toujours questions et combat.
A cause de tout cela le langage est le socle et le noyau de la politique. Penser le langage est le premier impératif. Pour ne pas parler du monde comme élément extérieur, observable en soi, mais parler de notre relation à lui ; pour ne pas se contenter du plaisir d'énoncer (en ce qui concerne la poésie).
En cela la place du poète, de l'artiste est centrale dans la société. C'est lui qui fait se déplacer les perceptions, les compréhensions du langage. Une révolution de la perception est une révolution de la perception du sens, des moyens d'accéder au sens, de l'exprimer. Comme notre vie n'est qu'une relation avec le sens, la poésie est un moyen d'être.
La poésie est donc profondément centrale pour la société, puisqu'elle fait circuler le sens, qu'elle montre le sens au sujet, donc montre à la société, en montrant les changements et le devenir du sens, le sens lui-même.
Ce qui désigne le sens ne peut que révéler l'imposture de l'ordre. Appeler à chercher du sens. Cette recherche perpétuelle du sens, c'est la Révolution.
Levantines suite
VOSKHICHTCHENIE
Gardez vos moutons et gardez vos yeux pour ces plaines
Et les chemins vers la rivière
Ce n'est qu'appels, appels de cris, appels défaits, appels de fous
Proust conservateur ?
Autocritique de "Les pensées et les roses"
mercredi 24 décembre 2008
Levantines
Ô Beauté des clochers debout sur l'air confus
Mais comme je m'effraie que les Sereins sommeillent !
Vous ! Saints extasiés qui tordent les coupoles
Reste ce fleuve de cuivre que brûlent à l'horizon
ТАВРИДА
Entre les montagnes rondes et les vallées gorgées
Là les abricotiers naissent et meurent sur les balcons
De la plage jusque plus haut que les derniers cyprès
Et les paupières se ferment
Mais quand les soirs s'enroulent
Dansez dansez jeunes grimpantes
Versés comme des patrons
Réflexions après lecture de Modernité modernité de Meschonnic :
La métrique - cet exercice de domination de l'esprit sur le monde, qui catégorise en métaphores, et veut créer une harmonie factice. En rejetant, en fait, le monde.
Le rythme - le combat maintenant avec le monde, c'est-à-dire contre lui, mais tout aussi bien pour lui ; les accélérations et les liens, l'appel, l'indignation face à l'ordre.
A savoir que le poème, en général, est du côté du rythme. Mais le théoricien, le commentateur, celui qui tourne autour de l'oeuvre (et la sort du monde, de l'histoire dirait Meschonnic) est souvent dans l'autre camp.
Veillée de naissance
On dansera la Carmagnole !